Lorsque j’étais écolière, un scandale a ébranlé mon pays : l’affaire des fonds juifs en déshérence, dans laquelle les banques suisses furent accusées d’avoir conservé des biens confiés par des victimes juives ou des biens spoliés par les nazis. 50 ans après la fin de la guerre, la Shoah était à nouveau d’actualité. Différentes commissions se sont penchées sur la question et j’ai vécu une flambée d’antisémitisme en Suisse.

Quelques années plus tard, j’étais en fac d’histoire et les questions de jadis me poursuivent encore : pourquoi cette haine ?

Comment l’Allemagne a pu commettre un tel génocide ? Que faire pour un avenir sans horreur ?

La plupart de ceux qui ont participé à nos visites guidées, telles que « Berlin sous le nazisme » , la « Visite guidée du camp de concentration de Sachsenhausen » ou le « quartier Juif » ont pu voir des mémoriaux consacrés à cette période; d’autres lieux de mémoire, en revanche, se trouvent en périphérie de Berlin, et l’un d’entre eux en particulier m’a laissé une forte impression : le musée de la conférence de Wannsee.

20 JANVIER 1942 : LA CONFÉRENCE DE WANNSEE

Avant d’entrer dans les détails et d’expliquer comment se rendre sur les lieux et ce que l’on peut y trouver à l’intérieur, j’aimerais expliquer ce qui s’est passé ici le 20 janvier 1942 et pourquoi cela est devenu l’un des sites liés au nazisme.

En effet, le 20 janvier 1942, dans l’une des villas situées sur le lac de Wannsee, au numéro 56/58, une conférence d’environ une heure et demie a eu lieu. Le sujet était l’extermination systématique de tous les Juifs d’Europe, et cela est passé à l’histoire sous le nom de « conférence de Wannsee ».

L’invitation a été lancée par le chef de la police de sécurité, Reinhard Heydrich, qui souhaitait la présence des représentants des SS du parti national-socialiste et des ministères du Reich. Le but était d’impliquer les ministères et les bureaux dans la préparation et la gestion de la « Solution finale de la question juive », c’est-à-dire l’extermination de tous les Juifs présents sur le territoire européen : 11 millions de personnes.

Beaucoup pensent à tort que la décision d’exterminer des millions de Juifs a été prise lors de cette conférence. En réalité, cette décision avait déjà été prise auparavant par les plus hautes instances, mais il était nécessaire de déterminer comment continuer à gérer et administrer le processus.

Lors de la réunion, Adolf Eichmann, chef du département juif au sein du Bureau de la sécurité du Reich, a rédigé un document récapitulatif des points clés de la conférence de Wannsee :

• Recensement de la population juive pour chaque pays européen : plus de 11 millions de Juifs ont été recensés. Deux points de cette liste sont remarquables : des pays tels que l’Irlande et le Portugal y figuraient, laissant entendre qu’ils seraient conquis à l’avenir. De plus, l’Estonie est mentionnée comme étant Judenfrei (libre de Juifs). Il est présumé que l’Allemagne nazie avait déjà procédé à l’extermination des Juifs estoniens, ce qui révèle subtilement l’ampleur des tueries en cours dans un document d’une telle importance.
  
  
• Solution finale de la question juive : il s’agit de l’ordre d' »évacuer » les Juifs vers des « colonies de travail » dans des conditions qui les pousseraient à s’autodétruire physiquement. Pour ceux qui résisteraient à l’épuisement, un « traitement spécifique » était prévu. Les déportations devaient avoir lieu de l’Ouest vers l’Est, et les Juifs âgés de plus de 65 ans, ainsi que les malades et les décorés de guerre, seraient déportés vers le ghetto de Theresienstadt, près de Prague.
  
  
• Les Mischlinge et leur considération dans le cadre de la solution finale : il s’agit des personnes étant considérée comme ayant un sang mixte. Par exemple, selon les définitions racistes des nazis, un Mischling de premier degré peut être une personne ayant un parent de « race aryenne » et un parent de « race juive », ou encore deux parents de « race mixte ». Les Mischlinge de deuxième degré sont quant à eux des personnes ayant un parent de race mixte et un parent de race aryenne.
  
  – Les Mischlinge de premier degré seront traités comme les autres Juifs dans le cadre de la « solution finale de la question juive », mais il y a cependant des exceptions :
  
  – Les Mischlinge mariés à une personne de race aryenne et ayant des enfants, qui seront considérés comme des Mischlinge de deuxième degré.
  
  – Les Mischlinge bénéficiant de droits et de protections accordés par les plus hautes instances du parti.
  
  – Tous les Mischlinge de premier degré, exemptés de déportation, devront être stérilisés. En revanche, les Mischlinge de deuxième degré seront considérés comme ayant le statut de personnes ayant du sang allemand, à l’exception des cas suivants :
  
  – Si le Mischling de deuxième degré est issu d’un mariage « bâtard » où les deux conjoints sont des Mischlinge de premier degré.
  
  – Si ses traits physiques sont attribuables à la race juive.
  
  – S’il adhère à des partis politiques hostiles au régime et se comporte donc comme un Juif.

LES PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE DE WANNSEE

• SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, directeur du RSHA et Reichsprotektor de Bohême-Moravie.
  
  
• SS-Obersturmbannführer Adolf Eichmann, chef du département IV B-4 du RuSHA, secrétaire de la conférence.
  
  
• Roland Freisler, secrétaire d’État au ministère de la Justice du Reich.
  
  
• Alfred Meyer, Gauleiter, secrétaire d’État et vice-ministre.
  
  
• Georg Leibbrandt, directeur du département politique au ministère des Territoires occupés à l’Est.
  
  
• Wilhelm Stuckart, secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur du Reich.
  
  
• Erich Neumann, secrétaire d’État, plénipotentiaire pour le plan quadriennal.
  
  
• Josef Bühler, secrétaire d’État du Gouvernement général.
  
  
• Martin Luther, sous-secrétaire au ministère des Affaires étrangères.
  
  
• SS-Oberführer Gerhard Klopfer, secrétaire permanent du bureau du parti.
  
  
• Friedrich Wilhelm Kritzinger, secrétaire permanent à la Chancellerie du Reich.
  
  
• SS-Gruppenführer Otto Hofmann, chef du Bureau central de la race et des colonies (RuSHA).
  
  
• SS-Gruppenführer Heinrich Müller, commandant de la Gestapo.
  
  
• SS-Oberführer Karl Eberhard Schöngarth, commandant de la SiPo et de l’SD (BdS) dans le Gouvernement général.
  
  
• SS-Sturmbannführer Rudolf Lange, commandant de la SD (KdS) en Lettonie, représentant de la SiPo et de l’SD (BdS) dans le Reichskommissariat Ostland.

LA MAISON DE LA CONFÉRENCE DE WANNSEE AUJOURD’HUI

Aujourd’hui, la maison de la conférence de Wannsee est un musée avec une entrée gratuite et propose plusieurs expositions :

• Exposition permanente : il s’agit de 9 salles avec l’exposition permanente intitulée « La réunion de la conférence de Wannsee et l’extermination des Juifs d’Europe ». À travers ces salles, le visiteur peut comprendre le concept d’antisémitisme, comment il s’est développé pendant le nazisme bien avant même le génocide lui-même, et comment l’antisémitisme est encore lié au présent. De plus, le musée a choisi d’adopter un langage simple et des informations accessibles à tous afin que chaque visiteur puisse comprendre et réfléchir à ce qui s’est passé.
  
  
• Expositions temporaires : ou expositions spéciales, elles ne sont pas permanentes et changent tous les 6 mois ou un an, elles abordent toujours des thèmes liés au national-socialisme, à la Seconde Guerre mondiale et à la condition des Juifs pendant le nazisme.
  
  
• Exposition en ligne : cette exposition est accessible via le site du mémorial et est basée sur des photos et des documents issus de l’invasion nazie en Pologne, qui a commencé en 1939.

COMMENT SE RENDRE À LA MAISON DE LA CONFÉRENCE DE WANNSEE

Le quartier de Wannsee se trouve à la frontière de la périphérie de Potsdam, dans le coin le plus au sud-ouest de la ville de Berlin.

Je vous suggère de visiter la Maison de la Conférence de Wannsee si vous décidez de rester à Berlin pendant plus de 4 jours, car elle est légèrement en dehors des « limites touristiques » de la ville.

Mon conseil est de visiter cet endroit pendant l’été car la villa donne sur le lac de Wannsee, l’un des endroits préférés des Berlinois pendant les journées estivales.

Pour vous rendre à la Maison de la Conférence de Wannsee, vous aurez besoin d’un billet couvrant les zones AB et vous devrez prendre un train régional ou le S-Bahn.

• En train : Vous pouvez prendre un train régional (RE1) en direction de « Brandenburg Hauptbahnhof », (RE7) en direction de « Dessau Hauptbahnhof » ou (RE23) en direction de « Potsdam, Golm Banhohf » depuis les principales gares de Berlin telles que Ostbahnhof, Alexanderplatz, Friedrichstrasse, Berlin Hauptbahnhof ou Zoologischer Garten. Assurez-vous d’avoir un billet couvrant les zones AB.
  
  
• En S-Bahn : Prenez la ligne S9 en direction de « Potsdam Hauptbahnhof » ou la ligne S1 pour Wannsee et descendez à la gare de Wannsee. De là, vous pouvez prendre le bus 114 en direction de Heckeshorn, qui passe toutes les 10 minutes. Descendez après 7 arrêts, avec un temps de trajet d’environ 7 minutes. En alternative, surtout par une belle journée de printemps ou d’été, vous pouvez rejoindre le mémorial en une demi-heure de marche en longeant le magnifique lac de Wannsee.
  
  
• Avec l’un de nos circuits privés de Berlin : Nous pouvons élaborer un circuit sur mesure qui inclut également la visite du Musée de Wannsee.
  La période nazie est un thème fondamental non seulement à Berlin, mais pour l’histoire de toute l’Europe, c’est pourquoi nous accordons une grande importance à cette époque dans nos visites guidées de Berlin.